Reflections and Illustrations

regarding the relics of Autun, France

Isaac-Mathieu Crommelin

(Autun, Juin 1773)

Member of the Academy

of Arts, Sciences and Letters of Dijon

Autun is certainly one of the oldest cities of the Gauls. Considering the walls, gates, fragments of an amphitheatre, and the remains of numerous temples and buildings, this is undoubtedly the famous city referred to by the orator Comenius who deplored its desolation and recommended its re-establishment.

When this city was founded is unknown but its healthy and pleasant location leads one to suspect that the Gauls carried out the first attempts at the art of construction there which they had learned from the Phoenicians. There have been innumerable disputes among scholars whether Autun is, in fact, old Bibracte, but it is enough to examine this site and its relationship with the famous capital of the country of Aeduens not to dispute its ancient title as the sister (and second only) to Remi (Soror Emula Roma) [Rome]. This city existed many centuries before Augustus and it certainly had a name before this emperor rose to power. But it was not Cabillonum (Châlon), nor was it Matisco (Mâcon) or Novilodunium (Nevers). Neither was it Oécoetia (Occise). By elimination it therefore had to be Bibracte because there are no other cities to choose from in the region of Aeduens about which Caesar spoke in his Strabon commentaries. Besides, Caesar named Bibracte the principal city of Aeduens and the orator Comenius uttered in one of his harangues: "Bibracte quidem hoots usque dictated is Julia, polia, florentia sed flavia is Civitas Aeduorum." Nothing is more revealing than this passage.


View of the city of Autun as it was about 1780

Le père, l’empereur assure dans son histoire des Aeduens faite par ordre du duc de Bourgogne, depuis dauphin, que Bibracte en ancien gaulois signifie montagne fendue (Bifractus). Autun seul est dans cette position, la montagne fendue est celle que l’on nomme à présent Brisecou.

Il y a trois opinions où résidait ce fameux sénat des Aeduens, les uns prétendent que cette ancienne capitale est à présent la ville de Beaune, d’autres assurent qu’elle était sur la montagne de Beuvray, mais l’opinion générale est que c’est Autun, le tout concourt à le démontrer.

Les Beaunois disent que Bibracte avait été dévastée par un général romain, changea de nom et prit celui de Bellonne devenu Beaune par corruption. Si Beaune a été cette ville célèbre avec laquelle les Romains firent alliance, où sont donc ses murs, ses temples, son enceinte, ses aqueducs, son amphithéâtre? Pourquoi le géographe Sanson dans sa carte de l’ancienne Gaule, n’a-t-il point placé de ville dans la situation de Beaune? C’est qu’il n’y en avait pas. Monsieur Duchesne (dans ses antiquités et recherches) date l’origine de cette ville à Aurélien mort l’an 275; mais il s’est trompé; Beaune existait alors et s’appelait Minervia du nom d’une légion romaine qui après avoir campé sur son terrain en jeta les fondements; elle fut en effet fortifiée par cet empereur et Grégoire de Tours nous apprend qu’au sixième siècle ses murs avaient trente pieds d’élévation. Voici un trait singulier qui a rapport à Autun et Beaune. Il est de Boccalini poète satirique italien mort il y a plus de cent cinquante ans. Cet auteur (dans ses Ragguagli di parnasio) fait demander à Caesar par Apollon de quelle ville il a voulu parler du nom savant de Bibracte, à quoi l’empereur répond, qui c’est la même qui par amitié pour son neveu Auguste voulut bien prendre le nom d’Augustodunum . Sur cette décision Apollon défend aux historiens de ne jamais dire ou écrire que Beaune a été Bibracte sous peine d’être perturbateurs de l’histoire, cette sentence prouve au moins que l’opinion générale d’à présent sur Bibracte subsistait il y a environ deux siècles.

Il n’y a rien sur la montagne de Beuvray (appelée dans les anciens registres du chapitre Bisfractus Mons, sans doute parce qu’elle a trois élévations de deux vallées). Il n’y a rien dis-je annonce l’ancienne existence d’une ville. J’ajoute même, que l’imagination ne peut pas en placer une aussi grande qu’Autun. Caesar se serait donc trompé en disant que Bibracte était la plus grande ville des Aeduens. Les ruines que l’on trouve sur cette montagne, ressemblent à celle d’une tour où tout au plus d’un château; et ce qu’on peut en dire de plus vraisemblable est, qu’il y avait un beffroi duquel on avertissait par des signaux, les habitants de Bibracte de ce qui se passait.

Autun, seul, a donc des titres positifs pour se croire cette ville fameuse chérie des romains, l’école de la Sagesse, des moeurs, des sciences et des arts.

Avant la conquête des Gaules par Jules Caesar, les Autunois étaient honorés du titre de frères des romains. Ils jouissent encore à Rome du droit de Bourgeoisie, et les italiens natifs de Rome ont à Autun le même privilège (oedue fratres nostri) ( cicer epiad faimis Liy ep. 10). Après la conquête des Gaules, la ville d‘Autun a été considérée comme la principale ville de ce pays.

Augustodunum caput gentis (tacit ant. L. 30). Et Caesar dit: (ab omni tempore fratres nostri et amies populi Romani Licti sunt oedui). Suivant Tacite (anal L.11). Les citoyens d’Autun pouvaient à Rome entrer dans les honneurs. Sous Constantin au commencement du 4ème siècle Comenius prononça un discours devant cet empereur où il prouva que sa patrie était regardée comme la mère de toutes les provinces (provincia venir velut una mater).

Cette ville est située au pied de plusieurs montagnes. La principale est mont jeu (Mons Jovis).

Les monuments qu’elle conserve de son ancienne splendeur sont des murs, les portes d’Arroux et de Saint-André; le temple de Janus, la pierre de couhard; les débris d’un amphithéâtre, une belle tour, des colonnes superbes, de très beaux marbres possédés par des religieux de saint martin; des aqueducs et une fontaine magnifique. Je donne les dessins de la plupart des ces monuments à la fin de ce mémoire et je ferai mes observations lorsque j’en parlerai particulièrement.


Porte St. André, vestige Romain


Porte St. André dessin


Porte Romaine d’Arroux

On divise la ville en trois quartiers, le plus élevé, nommé le château renferme deux cathédrales.

L’ancienne dédiée à Saint Nazaire n’a pas été achevée, elle est appuyée sur l’église souterraine devant Jean Delagrotte originairement employées (comme catacombes) à la sépulture des morts.

La nouvelle cathédrale était autrefois la chapelle des ducs de Bourgogne, elle est pesante et ses ornements le mauvais goût se sentent de la barbarie du dudicites qui les a produit; son clocher cependant est regardé comme un chef d’œuvre; le dedans (uni presque jusqu’au poli) à la forme d’un verre renversé. C’est un problème parmi les architectes de savoir comment on a échafaudé pour construire une flèche creuse très élevée et qui a tout au plus que cinq ou six pouces d’épaisseur.

L’église collégiale fondée en 1444 par Nicolas Roslin, chancelier du Duc de Bourgogne est encore dans cette partie de la ville, on admire beaucoup les ornements extérieurs d’une de ses chapelles, mais il faut convenir que de très petites colonnes, de petites niches, de petites figures, enfin des petits médaillons représentent les empereurs romains prouvent plus de patience que de goût dans l’architecte.


La Cathédrale - Porte de la Cathédrale - La Fontaine St. Lazare

Le clocher de cette collégiale suivant Chassaneux avait 300 coudées d’élévation, ce qui fit nommer Autun pour François premier: sa ville aux beaux cloijschiers.

Je dois rapporter ici un épitaphe singulière qui se trouve dans cette église sur une plaque de cuivre ; les meilleurs latinistes ne croient l’entendre qu’en imaginant des constructions et des significations sur lesquelles on ne peut pas compter puisqu’elles varient. Il est question d’un médecin et vraisemblablement c’est un jeu de mots. La voici :

Nutricem Nigram Neuis Nuntiam

Nuperinne Numcupaus

Nudi Novelli Nox Nitorem Noxia

Nigrescit.

Notescat Neniae Neui Nupsi

Nidum Noscite Nostrum

On voit que l’auteur a eu pour objet de commencer tous les mots par N. La dernière ligne offre un sens très moral. Si l’on passe le mot Nidum qui est trivial.

Le second quartier s’appelle la ville il contient cette belle terrasse (peut-être unique dans le royaume) et ce fameux champ de maïs où se fait tous les ans la saint Ladre. Cette cérémonie est trop singulière pour n’en pas faire la description, elle a d’ailleurs des rapports avec le sujet de ce mémoire.

Le dernier jour d’août, les chanoines prennent possession de la justice de la ville. Tous montent des chevaux caparaçonnés en noir, avec des housses traînantes, traversant en soutane et en manteau long les rues principales et vont un bouquet à la main au son des trompettes et timbales exercer la justice (commencement au faubourg d’Arroux) accompagnés de leurs chapelains, musiciens, enfants de chœur et de tous les officiers de leur justice. Chaque chanoine présente à son tour, à cette cérémonie; celui qui en est chargé se nomme le terrier, il porte un bouquet plus gros que les autres et marche le dernier entre les deux principaux dignitaires précédés des bedeaux avinés de leurs masses d’argent, après avoir offert la justice au peuple, comme cela se pratique à la tenue ordinaire des jours, et dressé le procès verbal d’usage, les chanoines reviennent en ville où pour terminer cette solennité, le terrier allume le dragon d’un feu d’artifice placé sur le petit clocher de la cathédrale et quelque fois sur le grand. Ce jour est l’époque de l’ouverture d’une foire qui dure dix jours.


Vieux Remparts - Amphithéatre Romain

A la Révétasse (ou translation de reliques de Saint-Lazare) le terrier se rend au chœur de la cathédrale avec tout le chapitre, fait un discours, remet le bouquet à celui qui lui succèdera, entend une réplique où il est toujours question de son éloquence et allume encore un feu d’artifice, quand pour se distinguer, il veut bien faire cette dépense.

Le chapitre exerce le justice à Autun seize jours dans l’année: savoir dix à la Saint-Ladre, trois à la révélasse et trois à la fête saint Nazaire pendant le règne du chapitre, toutes les autres juridictions cessent leurs fonctions.

L’origine de ce droit vient d’une commission des Ducs de Bourgogne et il y a été confirmé par plusieurs arrêts.

Voici celle de la cavalcade.

Le chapitre élisait tous les ans un chanoine pour veiller en son nom à la police de la ville et aller terminer les procès de ses vasseaux. On lui donnait pour adjoint plusieurs de ses confrères; ces adjoints augmentèrent en raison du nombre d’amis qu’avait le chanoine et il en résultat des abus. Il fut décidé que l’on nommerait des juges laïcs et que le chapitre en corps accompagnerait (à Autun seulement) le terrier et les officiers de la justice pour entendre plaider les causes.

Le lendemain premier de septembre on élève un fort dans le champs de mars. Toute la bourgeoisie prend les armes et le tambour battait, drapeaux déployés chercher le maire chez lui; voici l’ordre de ce nombreux cortège, l’infanterie est à la tête, précédée des grenadiers; après elle suivent les sergens de ville, ensuite les échevins en robes violettes, puis le maire, tenant un bâton de commandement, accompagné du procureur suivi de son substitut; devant lui est un homme à cheval chargé d’une ancienne armure portant l’étendard de la ville, on va au faubourg faire une espèce de revue et l’on revient investir le fort (voir note 1) dans lequel on a laissé une garnison. Chaque compagnie l’attaque à son tour et est repoussé.

(Note 1. Il est fait de branches d’arbres et appartient après la prise aux capucins)

Les grenadiers munis de grenades, de carton, font danser les assiégés et les spectateurs (voir note 2).

(Note 2. Ordinairement, il y des perruques, des habits, des jupons et des chemises brûlés. Quelque fois, même il arrive des accidents par la maladresse de ceux qui ne savent pas manier des armes)

Enfin, il se fait une attaque générale. Deux cents amorces de fusil partent les uns après les autres au même commandement. Et le fort se rend.

On a que des probabilités sur l’origine de cette farce militaire parce que les registres de la ville avant été brûlés en 1591 dans le temps du siège par le duc d’Amont et ne reste aucun ancien titre.


Champ de Foire

On sait d’ailleurs que la capitaine Artigote, manquant de bourre pour les fusils, se servit des papiers qu’il trouva à l’hôtel de ville. Les Autunois demandèrent alors que les copies qu’ils trouveraient de leurs titres perdus, eussent la force des originaux et cela leur fut accordé. Il ne s’en trouva vraisemblablement pas.

On voit par cette description que la saint Ladre a deux parties dont l’une regarde l’église et l’autre la ville.

Voici trois opinions sur l’assemblée de la bourgeoisie qui ont toutes quelques vraisemblances.

On exposait autrefois les reliques de Saint Lazare à l’époque de la fête et le peuple prenait les armes ce jour-là pour les défendre. On voit que dans les temps de superstition, les saints se volaient sans scrupule. Il est à présumer que ce peuple (alors guerrier) imagine un exercice militaire pour amuser les étrangers attirés par la dévotion et s’amuse lui-même.

Marseille et Autun se sont disputé longtemps et se disputent encore la possession de reliques de saint Lazare. Il est dans l’histoire de Marseille que le jour de la fête de ce saint, il se faisait un tournoi comme celui que je viens de décrire, qui a cessé, lorsque ses précieuses reliques se trouvèrent dans trois villes (car Avaloir croit aussi les avoir) on peut conjecturer que les habitants d’Autun ne voulant point perdre leur patron, une solennité négligée par les Marseillais, ont cru devoir la perpétuer

Par une tradition immémoriale, on sait que le Vergobret, souverain magistrat des Aeduens, faisait près du temple de Janus, les premiers de mai et de septembre, une revue générale des troupes de la république, accompagné des grands seigneurs, des druides et de toute la magistrature ne devait ce point pour conserver la mémoire de cette cérémonie majestueuse, que les Autunois ont continué de s’assembler à une de ces deux époques, et d’aller avec le représentant de Vergobret au lieu où se faisait cette revue?

Le troisième quartier de la ville est celui de Marcheux, c’est là où était l’ancien Autun, les rues sont étroites basses et il y en a qui portent l’empreinte d’une haute antiquité.


Saint Lazare d’Autun, fondée au XIIe par Étienne de Bagé

Je parlerai des abbaijes parce que la plus part sont fondées sur d’anciens temples.

Celle de Saint-Martin (à un quart de lieue de la ville) était autrefois un peu plus dédiée à Saron sue Chompré appelle le dieu des matelots, mais qui sûrement n’était point ici révéré sous ce titre parce qu’Autun est fort loin de la mer. Cette abbaije est célèbre par le tombeau de la reine Brunehaut, la fondatrice. Ce tombeau est d’un assez beau marbre noir et n’a de remarquable que son antiquité, les cendres qu’il contient et une inscription de l’évêque de Dubelay qui justifie cette reine des ovines que lui imputent la plus part des historiens. Le 25 août 1632, on en fit l’ouverture et l’on y trouva un coffre de plomb, renfermant sept ou huit os d‘environ six pouces de longueur qui paraissaient avoir été brûlés, un peu de cendres et une molette d’éperon. Les titres de fondation de cette abbaye disent que Saint Martin évêque de Tours renversa (au risque de sa vie) L’idole de Saron et consacra la temple au vrai Dieu. On peut juger de la magnificence parce qui en reste. L’église de Saint Martin est ornée de marbre de Grèce, d’Egypte, de la Thébaïde, de Corse, d’Alep, de plusieurs belles colonnes de différents marbres précieux, et entre autres quatre de granite de deux pieds de diamètre, chacune d’une seule pièce. Les amateurs de beau, ne peuvent pardonner aux religieux de les avoir fait enduire de stuc pour éviter la dépense du poli; il doit bien plus simple de les placer telles qu’elles étaient. La glue tombe heureusement et commence à découvrir le granite.

Le second monastère fondé par la reine Brunehaut, est celui de Jean Legrand bénédictine en 589, il est appuyé sur les fondations du temple de Bérécinthe (Cybèle) suivant un manuscrit que je tiens de Mr. L’abbé quarré chanoine de cette ville on trouva en fouillant la terre pour faire un nouveau batiment. Les débris d’un salon vouté, un bassin de marbre, quelques mosaïques, et des fragments de décoration dont on a connu trop tard la proie.

Saint Andoche est une troisième abbaije fondée par la reine Brunehaut. L’église tient la place d’un ancien temple consacré à minerve près de la porte des druides (à présent la porte du Carouge? C’était originairement un monastère d’hommes et de femmes destiné comme hopital; au soulagement des malades. Jonas, Evêque d’Autun en fit en 858, une abbaije de Bénédictines. L’années suivante, Charles le Chauve donna des lettres patentes: il y a encore une tour qu’on appelle la tour de Minerve. A peu de distance de l’abbaije de Saint Martin est celle de Saint Simphorien, batie sur le temple de Pan. Les premiers chrétiens élevèrent d’abord une chapelle, dans le caveau de laquelle est inhumé Saint Simphorien, fils d’un comte d’Autun, martirisé à l’âge de quinze ans pour n’avoir pas voulu fléchir le genou devant l’effigie de Berécinthe que les paijens portaient un jour de solennité.

Je pleurai encore ici la communauté des ursulines parce qu’il est joint à une tour antique très élevée dont je parlerai. Voir le dessein n°1.

Me voici à la description des monuments existants à Autun.

Les murs de l’ancienne Bibracte ont environ huit pieds. D’épaisseur le tems a tellement lié le ciment avec les pierres qu’ils forment à présent une espèce de rochers difficile à casser même avec le marteau. Ces murs sont de moëllons. Sans briques, ni pierres de taille, revêtus extérieurement de petits grez de trois pouces environ d’épaisseur. Sur quatre à cinq pouces de diamètres, ils paraissent avoir été taillés avec le plus grand soin et forment encore dans les endroits conservés une surface très unie.

On peut juger de l’extrème antiquité des murs d’Autun parce qu’on dit Aminiau Marcelin qui vivait au troisième siècle Lugduneusem primari Lugdunus ornat es cabilones es senones, es Biturigue es moenium augusto duni magnitudo vetusta. Voici les expressions de l’empereur Julien qui confiment le témoignage de Marcelin compevit augustodine civitadis et antiquos muros spatiosi quidem ambitus, sed caviem vetustatis invalidos. Barbarum impetu repentino incessos.

On ne peut pas savoir positivement le nombre de portes qu’il y avait à Bibracte, mais suivant toutes apparences, elles étaient au nombre de quatre, dont deux subsistaient à présent, l’une est la porte de Sens nommé le portail d’Aroux, l’autre est celle de Langres que l’on appelle le portail de Saint André à cause d’une petite église consacrée à ce saint dans l’une des tours qui flanquaient cette porte on croit que cette tour a été un temple dédié à Hercule, mais sans vraisemblance.

La première de ces portes (dite d’Aroux) à neuf toises et demie de largeur, elle est composée de deux grandes arcades de deux petites et d’une grande galerie dont il ne teste qu’un côté (voir le dessein n° 2). L’ordre est Corinthien en pilastres. Cette porte prouve que les gens n’étaient pas inventés lorsqu’elle fut construite, car on y voit des coulisses de six pouces qui marquent l’épaisseur de la porte; elle devait être d’un poids énorme et certainement on aurait préféré des pivots aux machines dont il fallait se servir pour le soutenir, si ce moyen simple eut été connu. Les chapiteaux des pilastres vont d’un très bon gout, mais il y a dans les bases des disproportions, toutes les pierres sont posées les unes sur les autres sans ciment et les voutes (d’une très belle forme) se soutiennent depuis tant de siècles par la seule coupe de pierres.

La 2ème porte dite de Saint André a dix toises de largeur, elle est moins riche et moins élevée que l’autre; mais plus composée, il y a des avant coups aux deux petites portes le point de voutes sous les deux premières grandes arcades (voir le dessein n°3). La galerie du second étage d’ordre jonique est presque entière; il est bien étonnant que des murs qui n’ont pas dix huit pouces d’épaisseur, séparés d’environ dix pieds et élevés sans ciment, aient bravés depuis tant de siècles l’effet de l’air et des saisons. Un observateur à lévit que ce poratil n’était pas à coulisses comme l’autres, mais il pourrait s’être trompé: j’ai remarqué des pierres usées en ligne verticales qui probablement ont été entamées par le frotement des portes, il est aisé de s’assurer que le second étage de cet antique monument a été détruit et rétabli.

Les beautés des voutes, et de l’architecture du bas ne cadrent point avec les fautes qu’on observe dans les galeries, comme par exemple d’avoir fait porter à faux les bases des pilastres, et les tailloirs des chapiteaux; les ornemens d’ailleurs sont grossièrement travaillés et contrastent désagréablement avec des parties très achevées.

Ces remarquent donnent lieu de supposer que ce rétablissement est de Constantin, époque où se perdit le gout de la belle architecture!

La capitale des Aeduens aient été saccagée sous Tibère par des paysans gaulois révoltés, Auguste, Caligula, Claude, formèrent successivement le projet de lui vendre son lustre et y contribuèraient. L’empereur Aurélien fit venir pour cet effet des artistes d’Angleterre, Dioclétien, tira des sénateurs illustres des gaules et les établit à Bibracte (qui depuis deux siècles portent le nom d’Augustodumium). Enfin le grand Constantin employa des légions entières aux travaux; on le regarda comme les restaurateur de la capitale des Aeduens et c’est par reconnaissance qu’elle prit le nom de Flavia du nom de famille de cet empereur. Je remarque que Constantin naquit l’an 274 et qu’en 314 St. Rethice assista au concile d’Arles comme évêque d’Autun d’où je conclus, que cette ville rendit un hommage bien court à son bienfaiteur.

Le portail de St André est considérablement hors de son aplomb et touche peut-être à sa destruction totale; il semble que de pareils monuments devraient être entretenus mais…… les revenus de la ville s’employent bien plus utilement.

Lorsque l’on érigea l’arc de triomphe du faubourg St. Antoine à Paris, monsieur Colbert envoia à Autun le Sieur Chevenot pour prendre des desseins de ces portes et en examiner la construction. Cet habile homme observa que les anciens laissèrent de la pierre en batissant plus qu’il n’en fallait et qu’ils n’étaient ce superflu qui quand l’édifice était élevé, par ce moyen les angles cassés des pierres pesantes, ne paraissaient point ; et les joints étaient partout presque insensibles. J’observe que dans ces deux portes, il n’y a pas de pierres fendues par la gelée ou par l’effet d’une fausse position, ce que prouve les gaulois se connaissaient mieux que nous l’espèce qui convient aux monuments publics, et que leurs ouvriers étaient plus intelligents que les nôtres.

Le temple de Janus est situé hors de la ville à une partie dans la carabine de la rivière d’Aroux. C’est là (comme je l’ai déjà dit) où les Aeduens faisaient la revue générale de leurs troupes.


Temple de Janus sur la rivière d’Arroux

Ce temple était quarré ainsi que tous ceux consacrés à ce dieu, et il n’en reste que deux côtés: les faces extérieures avaient cinquante deux pieds, les intérieures trente neuf ou quarante, et les murs six à sept d’épaisseur, voir mes desseins (n° 4, 5). Ils ont encore environ, soixante cinq pieds de hauteur et l’on peut présumer que ce monument si solide, a été détruit dans les temps de guerre pour oter aux Autunois une forteresse excellente.

L’intérieur de la face qui est au midi, est décoré d’une arcade de dix huit pieds de hauteur, sur quatre d’enfoncement faisant les 2/3 de l’épaisseur du mur; à coté, sont deux niches de sept pieds de haut sur trois de large et au dessus trois croisées construites de façon à porter la lumière du haut en bas. A l’intérieur de la face qui regarde l’occident, il y a deux arcades pareilles à celles que je viens de décrire et entre elles une grande niche de onze pieds d’hauteur sur dix de large dans laquelles probablement était placée l’idole; la porte était sans doute vis-à-vis de cette niche; et l’on montait pour entrer un perron dont on peut encore apercevoir le motif. Il est impossible de savoir si le temple était vouté; on sent qu’il ne pouvait y avoir qu’une voute de charpente; car en pierres, elle aurait eu trop déportée, rien n’annonce d’ailleurs qu’il fut couvert soit en dôme, en piramide ou en galerie: cependant il est certain par l’épaisseur des murs que son élévation était très considérable, il ne reste aucuns vestiges d’ornements mais on devine qu’il y en a là par la discontinuation d’un enduit très propre, qui subsiste encore dans quelques parties.


Côté intérieur de la cella


Façade Ouest

Les murs sont de moëllons sans briques ni pierres de taille;. j’ai lû dans un manuscrit que m’a communiqué M. Lefèvre, homme d’esprit et avocat de cette ville, qu’on y a trouvé des fragments de solives de chesnes parfaitement conservées ; c’est peut-être l’unique fois , que l’on ait vû du bois sain employé depuis trente siècles, les moyens dont nous nous servons pour empêcher le contact au bois et du mortier, sont donc des précautions inutiles.

On a prétendu que cet édifice avait été une maison de péage parce qu’on y a trouvé des monnayes mais pourquoi des niches dans une maison de péage? On voit encore qu’il y a eu aux environs de ce monument, des batiments considérables. J’ai lu dans le même manuscrit que je viens de citer, que la rivière de Tavernay aiant débordée avec violence, emporta beaucoup de terre, et découvrit des vestiges de chambre, de célules, de pavés, de mosaïques et de ciment coloré. Ces batiments étaient peut-être la demeure des prêtres de Janus.


Dieu Romain Janus (statue au Vatican)

Des contradicteurs objectent que Janus ne pouvait pas être placés dans une niche parce qu’il avait quatre têtes et que l’on le plaçait sur un pied d’estat, pour être vû de tous les côtés, mais ils ne savent pas sans doute qu’il y avait deux représentations de cette divinité Janus Quadrifons et le Janus Géminus. Ce dernier placé dans une niche, devait montrer au moins ses deux profils et il est à croire que c’était celui à qui on rendait hommage à Bibracte.

Les anciens ont cru que Janus présidait à la garde des portes (janua) ils le regardaient d’ailleurs, comme le dieu qui avait donné l’idée de la navigation : voilà sans doute pourquoi les Aeduens à l’imitation des grecs ont placés son temple à peu de distance des portes principales et près de la rivière.

Le temple de Pluton situé au bout du pont d’Aroux, et tellement ruiné, qu’il ne reste absolument que la forme circulaire. J’ai fait quelques recherches pour savoir si les vestiges ont réellement appartenu à un temple et je n’ai rien trouvé qui puisse étayer cette opinion. St. Julien de Baleure (à ce que j’ai lu dans un ancien manuscrit) assure qu’on y a vû des vestiges d’oiseaux an sculpture, ce qui peut faire soupçonner que ce prétendu temple était la tour des augures. Il est cependant certain que les Aeduens non seulement recevaient le dieu des enfers sous le nom de Dis mais qu’ils faisaient remonter à leur généalogie jusqu’à lui. Il reste bien peu de choses de cet amphithéâtre dont le père Montfaucon donne un plan si magnifique sur les desseins d’Aubéry et dont il parle si peu. Il avait quatre étages, et surpassait par son étendue, sa hauteur, son architecture et ses statues celui de Nîmes qui étonne encore. Dans quel temps, était-il qu’Aubery la dessine? C’est sur quoi le père Montfaucon garde le silence.

Et il est vraisemblable que les magistrats, anciennement, ont permis aux citoyens de prendre des pierres dans cet amphithéâtre comme dans une carrière, et qu’à force d’en oter, il s’est trouvé tout a fait rasé. Il est encore très probable que la porte des marbres est faite des débris de cet amphithéâtre. On y voit des pierres sur lesquelles il y a (la sculpture) des bras, des jambes, des têtes, des draperies, une tête de cheval qui certainement on appartenus à quelques grand édifices. Si Montfaucon et Aubéry ont fabriqué les décorations de cet édifice, ils ne pouvaient dire comme l’avioste, que l’architecture de l’imagination est peu dispendieuse. Le fait est qu’il a existé un très vaste amphithéâtre à Autun, et même deux; on voit encore la place de l’un et quelques vestiges de l’autre, qu’on appelle vulgairement les caves joyaux ; ce sont des petites voutes placées circulairement, sui sans doute soutenaient le dernier étage. On voit les places encore des gradins sur le penchant de la colline, mais il n’en reste pas le plus petit fragment. Un curieux attiré par le dessein d’Aubéry se voit bien étonné de trouver à la place de ce superbe monument un champ labouré. Cette remarque doit au moins faire naître des doutes sur les faits. Les gravures et les plans que donne ce volumineux écrivain.

Il y avait à Autun (suivant Comenius dans sa harangue pour la restauration des écoles) un temple dédié à Apollon placé au milieu de la ville (opus istud illustruis quod proecipus est loco positum quasi inter ipsos oculos civitatis nimirum inter apollinis templum at que capitatium) cette désignation conduit aux environs de la porte des marbres, où l’on voit un peu de muraille antique qui pouvait bien être un fragment de ce temple. L’auteur d’un manuscrit que je tiens de Monsieur Leseure, observa judicieusement que l’ancienne rue est alignée à cette muraille.qu’une rue ne traverse pas un temple, et que vraisemblablement ce mur a appartenu à une place publique où était l’école d’Comenius. Dans ce cas, le temple d’Apollon devait occuper la place du grand séminaire. Je lis dans un autre mémoire qu’en nettoyant le puit de cette vaste maison, on trouva une plaque de cuivre sur laquelle était écrit ces mots; dedi Bibracte signatum (pour assignation sans doute) beaucoup de médailles, et un service antique de cuivre doré dont Monsieur de Roquette, évêque d’Autun s’est emparé.

Il y avait encore à Autun, un collège de Druides placé sur la montagne encore appelée Mont-Dru (mons Druidarum). Il en reste quelques pierres éparses, mais point de vestiges qui puissent désigner positivement le lieu où il était. On sait que les druides étaient les prêtes, les juges, les philosophes, les astronomes des gaulois; qu’ils élisaient le vergobret, ou souverain magistrat, qu’ils initiaient les jeunes gens dans les sciences, qu’ils avaient le pas avant les nobles, que leur chef (couronné de chesne) portait un sceptre, qu’ils immolaient sur les autels les prisonniers de guerre, que pour honorer leur mémoire on bordait leurs crânes alors, et que l’on s’en servait comme de vases. On sait encore qu’il y avait des druidesses de trois espèces, les unes vouées à la chasteté, les autres mariées et les troisièmes faisaient les fonctions de servantes comme les sœurs converses de nos couvents. Les mariées ne voiaient leurs maris qu’une fois l’année pour leur donner des héritiers. Cette loi renvoie au moins certaine la qualité de père et il est probable que chez des gens sages, elle suivait toujours l’entrevue.

Les naumachies chez les Aeduens étaient des pièces d’eau sur lesquelles on représentait des combats navals avec des chaloupes. Il y en avait une célèbre à Bibracte près de l’amphithéâtre que le temps a changé en une vaste prairie appartenante à l’évêque.

Les Aeduens avaient plusieurs polijandres ou cimetières aux environs de la ville, on n’enterrait chez eux dans l’intérieur des murs, que les gens de la plus haute distinction.

Il y a des vestiges des polijandres près du pont d’Arroux et de St Andoche; à Couhard (au champ dit des urnes) ou l’on a trouvé des vases cinéraires, de lampes, des lacrymatoires. A St. Pierre l’Etrier on est encore dans une espèce de petite chapelle, le tombeau de St. Amator premier évêque d’Autun. Le plus célèbre monument des polyandres est celui qu’on appelle vulgairement la pierre de Couhard. C’est une masse en maçonnerie ou moëllon faite dans le gout des piramides d’Egypte ou plutôt du tombeau de Costius à Rome, j’en donne le dessein à peu près n°6 n’étant pas possible de la faire exact à cause des dégradations. On ignore son ancienne hauteur, mais on peut calculer qu’elle a eu quatre vingt pierres de base. L’abbé Jeannin de Castille fit percer ce monument horizontalement l’an 1640 pour en connaître l’intérieur, mais il s’y est mal pris, il fallait faire fouiller autour et chercher l’entrée d’une route qui vraisemblablement existe. Il y a diverses opinions sur cette piramide. Les uns disent que c’est le tombeau de Divitiacus célèbre Aeduen ami de Caesar et de Cicéron. D’autres soutiennent que c’est un fanal placé de ce côté à cause de la difficulté des chemins. Il est vrai qu’elle est posée sur une colline de façon à être vue de loin et de plusieurs côtés. Voici une anecdote relative à ce monument que je trouve dans un manuscrit original qui m’a été confié par Monsieur Quarré. Sous le règne de Néron, il y eut une révolte presque générale dans les gaules occasionnée par les vexations du prince et l’avarice du gouvernement. Sacrovir, seigneur Aeduen, s’associa aux anglais et aux francs comtois et se mit à la tête de trente mille jeunes gens sans expérience. Après la défaite des anglais et francs comtois, les romains réunirent leurs forces pour vaincre Sacrovir qui s’était campé près d’Autun, dans l’espérance d’avoir des secours, mais les Aeduens lui refusèrent non seulement des abris mais encore des vivres.

Sabinus qui commandait quatre légions romaines apprenant l’état de faiblesse de Sacrovir vint l’attaquer. Celui-ci gagna les hauteurs et se retrancha sur la montagne actuellement nommée Brisecou mais s’apercevant qu’il lui était impossible de résister à Sabinus, il prit le parti désespérer de se tuer et tous ses amis pour suivre son exemple se émassacrèrent les uns les autres. Les romains et les Aeduens de concert érigèrent une piramide dans l’endroit où se passa cette horrible scène et voilà dit l’auteur du manuscrit la véritable origine de la pierre de Couhard. C’est donc, ajoute-t-il un monument de la fureur. Voici ce que j’ai pu trouvé dans tacite qui a rapport à cet évènement.

«en la même année les villes de la gaule chargée de dettes et d’impôts se révoltèrent. Julien Flovus ciment la sédition dans Trèves et Sacrovir à Autun (Taci. Vol. 1 an. 8 page 217, traduction de Perrot Dablancourt Edition de 1688)

«Dans Autun, elle fut bien plus dangereuse, à cause que l’état était plus puissant et le secours éloigné. D’ailleurs comme c’était l’école de la noblesse des gaules qui était instruite aux lettres, et aux exercices de la jeunesse, Sacrovir s’en saisit pour avoir un gage de l’affection de leurs pères et leur mit entre les mains des armes qu’il avait fait faire secrètement (ibidem page 220).

«Sacrovir s’enfuit d’Autun et craignant d’être livré aux ennemis s’enferma dans un château voisin où désespérant de ses affaires il se tua. Ceux qui l’avaient suivi s’entredonnèrent la mort à son exemple (ibidem page 224).

Budé et Chassaneul ont prétendu que la pierre de Couhard était un tombeau. Voici le résultat d’une longue conférence qu’ils eurent à ce sujet sur les lieux, en présence de François 1er (et Statin oration audita adillau accessit, et amplissinuis

On a trouvé à St. Emiland, village entre le bourg de Couches et Autun, une infinité de tombeaux dans lesquels il y avait des lances, de piques, des sabres cassés.


Bourg de Couches

L’auteur d’un autre manuscrit (que possède Monsieur Leseure) prétend que c’est là où Sacrovir fut défait. Et que ces tombeaux si multipliés, sont ceux des jeunes Aeduens qui ont été ramassés sur le champ de bataille par leur parens. Ces opinions ne tiennent ici leurs places que comme conjectures, elles sont trop vagues pour les avancer comme des faits historiques.

Eumenius parle dans les harangues d’un Capitole à Autun fait à l’instar de celui de Rome dans lequel était un magnifique temple dédié à Minerve. Il n’en reste point de vestiges, mais la désignation qu’en donne cet orateur fait croire qu’il était près du champ de mars à présent la grande place, on a trouvé en batissant le couvent des cordeliers les fondations d’un édifice immense, des morceaux de marbres et même des fragments de Statues qui ont servis à faire de la chaux. On présume que ces débris ont été opportuns à ce fameux capitole, mais j’ose croire d’après mes propres remarques que la belle tour dont j’ai donné le dessein n° en est un fragment.

Mon opinion est fondée sur ce que le capitole devait être sur une élévation comme le mont Tarpéien. Sur ce que le lieu de cette tour s’appelle le château enfin sur ce que le terrain des cordeliers d’Autun est un des plus bas de la ville.

Il subsiste des anciennes rues de Bibracte, deus débris assez remarquables. L’un est près de la porte d’Arroux, l’autre vers la porte des marbres. La distance qui les sépare est considérable, mais ils s’alignent si parfaitement qu’on peut les regarder comme ayant appartenu à la même rue. Ces pavés ont généralement une surface de six à neufs pieds quarré et l’on a remarqué que les carrières des environs d’Autun n’en produisent point de semblables, ils sont tous de formes différentes et ont été placés avec tant de soin qu’il se voit encore difficile de passer entre eux la lame d’un couteau. Leur dureté est telle que les outils de nos paveurs s’émoussent en les frappant comme s’ils étaient de plomb. Cette pierre est un granit trop beau et bien poli. Monsieur Dauville, dans son mémoire plein d’érudition et de remarques judicieuses a prouvé que ces pavés ont fait partie d’un des quatre grands chemins que fit faire dans les gaules Aggripa gendre d’Auguste et que ce chemin traversait la ville.

On observe qu’aux deux côtés des rues de Bibracte, il y avait des banquettes élevées de 15 à 18 pouces pour les gens à pieds, mais on ne peut en déterminer la largueur. Après avoir parlé des rues, je dois dire quelque chose des chemins. Il y en a de tous côtés qui annoncent l’existence et la richesse d’une ville très considérable.

Pour peu que l’on fasse attention à leur construction, on ne doutera pas qu’ils ne soient des romaines.

Il est certain par la petitesse des pierres et la manière dont elles sont rangées que les entrepreneurs d’alors avaient beaucoup d’intelligence et les ouvriers beaucoup de patience puisqu’ils nous ont laissé de si bons modèles; puisque nous avons le même sol et les mêmes matériaux, pourquoi ne les imitons nous pas? On calcule à présent la surface et non la durée, or il en résulte qu’un travail fait aux dépens des malheureux et dont l’objet est l’utilité publique ressemble à celui de Pénélope. Monsieur Thomas a parlé de deux chemins souterrains à Autun dont l’un allait de la porte St Andoche à Beuvray; l’autre du portail d’Arroux très avant dans la plaine. J’ignore s’ils ont existés, mais il n’en reste pas les moindres traces.

Voilà ce que j’ai pu rassembler touchant les monuments existants à Autun. Avant de finir, je vais disserter un peu sur leur antiquité.

Il n’y a pas d’apparence qu’ils aient été élevés ou tenus de Caesar comme on le croit car il en aurait parlé dans ses commentaires d’autant plus qu’il passa un hiver à Autun après la conquête d’Alise. D’ailleurs on peut remarquer par les proportions des colonnes antiques qui sont à l’abbaije de St. Martin qu’elles ne sont pas romaines. Tout le monde sait que les grecs ont emprunté l’architecture des Egyptiens et que les proportions qu’ils ont donné à l’Europe ont été perfectionnées par les Romains, or le colonnes de St Martin d’ordre corinthien ont en hauteur (compris la base et le chapiteau) 9 diamètres qui est la proportion des grecs. Vitruve qui dédia à Auguste son excellent traité d’architecture) donnait dix diamètres à ses colonnes corinthienne et tous ses successeurs se sont assujettis à cette règle donc les colonnes de St Martin sont antérieures à Auguste. On ne voit dans les monuments d’Autun aucuns chapiteaux. Selon les règles de Vitruve tous sont pesants et dénues de la grâce que leur donnait cet habile architecte. Les premières feuilles d’achante ont bien le tiers du panier mais les grands qui devraient avoir le double de celle-cy sont extrêmement courtes. Les volutes d’ailleurs sont trop petites, les tailloirs trop massifs et chargés d’ornement de mauvais gout, les bases s’éloignent encore trop des proportions de Vitruve, pour qu’on puisse les regarder comme architecture romaine d’où les Aeduens ont-ils donc tiré leur architecture? On peut répondre des phocéens qu’ils peuvent connaître à Marseille plus d’un siècle avant que les romains eussent envoyé à Athènes chercher les loix de Solon.

Il me reste à parler des aqueducs qui sont assez nombreux. Les plus remarquables sont celui de Brisecou (il est à présent couvert de gros arbres, et l’on prétend qu’il conduisait les eaux du Mont St. Jean à la monarchie) celui du St. Laurent au pied des murs de la ville près de l’amphithéâtre qui à présent est une fontaine, celui qui est en bas de St. Jean l’évangéliste, un quatrième derière les murs du côté de Riveau, celui-ci fournit encore de l’eau. Enfin, un cinquième entre les ponts d’Arroux et St. Andoche. On a fait la découverte d’un autre aqueduc très considérable il y a environ 20 ans en batissant le mur de l’évêché du côté du baillage et il s’en est trouvé un dans le jardin des cordelières dans lequel un homme à cheval pouvait aisément passer. Ces monuments sont des témoignages bien certains de la splendeur de Bibracte. Quant à la belle fontaine n° 7, placée près de la cathédrale, elle est d’ordre Jonique à Corinthien, c’est un modèle de bon gout et d’élégance,mais on ne peut pas la regarder comme un monument antique, du moins elle n’ a pas le caractère de l’architecture grecque ou romaine.

Je n’ai point parlé de la belle colonne de Cussé parce qu’elle n’est pas sous mes yeux. Elle a donné lieu d’ailleurs à tant de dissertation que je serais forcé de répéter ce que les autres ont dit. On sait que messieurs d’Ecutigny et Morlet firent fouiller aux environs, et trouvèrent les ossements de plusieurs personnes. Cela n’a pas empêché qu’on ne la vut (je ne sais trop pour quoi) une colonne héraldique et non un mausolée.

On a peine à concevoir comment il peut rester si peu de choses d’une ville aussi magnifique et comment tant de monuments si considérables et si solides se sont anéantis. C’est le cas d’appliquer une réflexion de M. Buffon.

« Nous ne pouvons juger qu’imparfaitement de la succession des révolutions naturelles par le défaut des monuments historiques, il nous manque de l’expérience et du tems et nous ne faisons pas réflexion que le tems ne manque pas à la nature, nous voulons rapporter à l’instant de notre existence les siècles passés sans compter que la vie humaine étendus autant qu’elle peut l’être par l’histoire n’est qu’un point dans la durée »

Ce mémoire contient des choses ignorées de la plus part des autunois, et déclare en devoir les mathériaux à Ms. Quarré et Leseure de cette ville et j’avoue que les avis de ce dernier m’ont été très utiles pour les connaissances locales qu’un étranger ne peut avoir.

Je prends la liberté de l’offrir à l’académie de Dijon et je me trouverai bien dédomagé de mon travail si elle daignait le regarder favorablement.